Pins au bord de l’eau, 1909

Le musée du Havre (Musée d’art moderne André Malraux – MuMa) conserve un bel ensemble du même motif, Pins au bord de l’eau, composé d’une grande huile sur toile, de l’étude sur bois, d’un dessin et de l’eau-forte.

Huile sur toile : au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1909, André Dauchez expose quatre toiles, dont Pins au bord de l’eau (134×180).

Après la période de la « Bande Noire », sa peinture évolue vers une palette plus claire ; ce tableau est une œuvre de transition, dans laquelle un ciel lumineux éclaire un motif sombre (les différents groupes d’arbres, les berges), créant un effet de miroir sur l’anse de la rivière. La luminosité de ce tableau annonce le traitement particulier de la lumière qui deviendra une caractéristique essentielle des œuvres d’André Dauchez.

Lors de ce Salon, cette toile ne laisse pas les critiques indifférents :

« De fort solides vues bretonnes d’arbres, de ciels, de rivières et d’étangs, dus au pinceau monotone mais savant, de M. Dauchez. On en apprécie d’autant plus la force et le caractère lorsqu’on voit, à côté d’eux, les paysages flasques et vides de M. XXX. »

– Louis Vauxcelles, 14 avril 1909, Gil Blas

« M. André Dauchez montre une série de paysages admirablement composés et équilibrés, et d’une très fine vérité de lumière. »

– Edouard Sarradin, 14 avril 1909, Journal des débats politiques et littéraires

« M. Dauchez est l’auteur d’une étude consciencieuse : Pins au bord de l’eau. On dirait un fusain plutôt qu’une peinture. L’ensemble est robuste. Mais quelle atmosphère triste ! Les pins semblent être au bord du Styx. »

– Jean Drault, 14 avril 1909, La Libre Parole

« M. Dauchez [n’est pas coloriste], mais il a des qualités sérieuses et bien françaises qu’il aurait tort de négliger pour en poursuivre d’autres. Je ne dirais pas qu’il se développe, mais il s’approfondit, il s’affirme. Il n’a ni la fadeur d’un Cazin ni la rudesse parfois un peu factice d’un Cottet. Il est simple, rigoureux, vrai. C’est un maître. »

– Jean Thomsen, 14 avril 1909, Le Petit Journal

« M. André Dauchez a éclairci sa palette ; il a peint avec maîtrise de rudes paysages bretons rompus de lumière, et dans lesquels on sent palpiter l’atmosphère. »

– Jean Claude, 14 avril 1909, Le Petit Parisien

« Pins au bord de l’eau, un paysage de M. Dauchez, qui serait vraiment bien s’il était moins sombre. »

– Baude de Maurceley, 2 mai 1909, La Revue diplomatique

« De M. Dauchez des paysages mélancoliques d’un sentiment profond ; admirer particulièrement Pins au bord de l’eau. »

– Jean-José Frappa, 8 mai 1909, Le Monde illustré

Le MuMa conserve aussi l’étude sur bois (24×33) et un dessin préparatoire (47,5×57,5, marges incluses).

Ces deux éléments permettent d’entrevoir la méthode de travail d’André Dauchez, réalisant sur le motif un ou plusieurs dessins, simples croquis ou dessins très précis, parfois à différentes heures de la journée, et une étude peinte à grands traits. C’est à partir de ces documents qu’il exécute ensuite les toiles dans son atelier.
Toile, étude, dessin… Le motif est le même, mais Dauchez ne s’interdit pas de modifier les « effets », notamment, ici, dans le ciel, pour exprimer l’émotion qu’il a ressentie en décidant de poser son chevalet.

« [Mes] toiles sont la reproduction fidèle de ce que j’ai vu. Rien n’a été omis, rien n’a été ajouté. Quelquefois je me permets pour balancer la composition générale, de figurer un moutonnement de nuage supplémentaire ou de forcer une ombre dans un coin, mais c’est tout à fait exceptionnel et la grande harmonie naturelle ne doit pas s’en apercevoir. »

– André Dauchez, 1926


Lorsqu’il grave une eau-forte, André Dauchez prend à nouveau cette liberté, comme le montre l’épreuve conservée au MuMa (35,2×45,2). Sur la gravure (Les grands pins au bord de l’eau, 1909), le ciel est plus sombre, fortement obscurci par les nuages ; la lumière n’occupe plus que la partie basse du ciel, sur la droite, comme venant de l’horizon, caché derrière la rangée d’arbres, et n’éclaire plus que la partie de la rivière à droite des pins reflétés dans l’eau. Dauchez veut-il nous inciter à regarder d’abord ce coin, avant d’élargir le regard à l’ensemble du paysage ?

Le catalogue des eaux-fortes indique qu’André Dauchez a gravé cette œuvre d’après le tableau. Il a réalisé quatre états successifs comportant les armes de la Ville du Havre en remarque (petit motif situé dans la marge, en bas à gauche) : trois états d’essai et un état définitif de vingt-et-une épreuves, dont vingt données à la Société des Amis des Arts du Havre.
Un cinquième état est ensuite tiré sans remarque (trente épreuves) pour des ventes et expositions à Paris (Salon des Peintres Graveurs), Roubaix, Brest, Bruxelles, Venise, New York.

Informations du MuMa et crédits
Ces œuvres appartiennent à la Ville du Havre, et sont affectées au Musée d’art moderne André Malraux – MuMa.
Huile sur toile : A85 – André Dauchez, Pins se mirant dans l’eau, huile sur toile, 133,7 x 180,3 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux © MuMa Le Havre
Étude : A85bis – André Dauchez, Paysage : étude de pins se mirant dans l’eau, huile sur bois, 23,7 x 33 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Dessin : AD 38 – André Dauchez, Pins au bord de l’eau, 1909, crayon sur papier, 47,5 x 57,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Eau-forte : E 61 – André Dauchez, Les Pins se mirant dans l’eau, gravure sur papier, 47,8 x 57,7 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn

Voir le site du musée du Havre

Une réponse à “Pins au bord de l’eau, 1909”

  1. Jacques,
    Je te remercie de ton message … pour l’inscription aux nouvelles notifications du site.
    Christelle

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