Le Salon National Indépendant

Le Groupe Indépendant de la Nationale, constitué en 1937, aboutit à une nouvelle scission de la SNBA : le Salon National Indépendant est créé en 1938, présidé par André Dauchez.

Le premier Salon est inauguré par G. Huisman, directeur général des Beaux-Arts, et P. Darras, directeur des Beaux-Arts de la Ville de Paris ; Albert Lebrun, Président de la République, s’y rend en visite officielle.

Buste d’André Dauchez, par Henri Vallette

« On n’a pas oublié les circonstances qui, l’an passé, engagèrent un certain nombre d’artistes, membres de la Société Nationale des Beaux-Arts, à se grouper à la Galerie Charpentier. A cet acte courageux d’indépendance, il y avait des motifs d’élégance morale, et la volonté de rendre un légitime hommage à un homme et à un talent. Le résultat fut une victoire esthétique. On se rappelle le vif succès obtenu par cette manifestation ; le spectacle qu’offrit son vernissage restera mémorable pour les familiers de la vie artistique de Paris. Tout fut compris du public et applaudi par lui : l’intention et l’exécution, la présentation des ouvrages exposés, leur nombre restreint, leur intérêt, l’éclectisme du choix, l’heureux et familier rapprochement de talents éprouvés et de talents juvéniles.

Après cela, il allait de soi en quelque sorte qu’une telle réussite ne fût pas sans lendemains. De l’exposition née fortuitement en 1937 est né en 1938 un Salon, officiellement constitué. Un des organisateurs rencontré hier m’a donné des indications qui font comprendre dans quel esprit a été préparé le « Salon National Indépendant ».

« Vous y trouverez, m’a-t-il dit, quelques membres de la Société des Artistes français avec Ch. Fouqueray, Jean Dupas, Couturat, quelques vétérans de l’ancienne Nationale passés aux Tuileries : Karbowsky, Prinet, Morisset et, naturellement, le peloton fidèle des dissidents de l’actuelle Nationale, groupés autour de Dauchez : Hugues de Beaumont, Goulinat, Deluermoz, Chahine, Jaulmes, F. et R. Olivier… Tous les brillants sujets de l’ex-atelier de Lucien Simon seront là, entourant le maître qui a envoyé une grande toile. Des « indépendants », qui fréquentent peu les Salons, participent au nôtre, – de Bernard Naudin à Kisling, de Louise Hervieu à Durand-Rosé. Enfin, Salon d’Automne et Salon des Tuileries seront largement représentés avec Gluckmann, A. Jouclard, A. Joubert, Oguiss, Rageade, Ch. Blanc, Mac Avoy, Yves Brayer, Ganesco, Marthe Lebasque, R. Worms… toute une jeunesse pleine de sève et d’ardeur. Le groupe des graveurs est réuni, comme l’an passé, autour de Ch. Jouas, et compte, à côté d’aînés tels que Beurdeley, Achener, Brunck de Freundeck, des cadets déjà consacrés comme Decaris, ou Soulas. Quelques sculpteurs, parmi lesquels Dampt, Chauvel, Anna Bass, Vallette, Paul Simon, quelques décorateurs et de bons illustrateurs complètent un ensemble où l’on n’a pas hésité à laisser figurer beaucoup de jeunes, et même quelques artistes presque inconnus, mais qui reste une sélection. Nous avons veillé avec soin et même sévérité à ce que le nombre des exposants restât réduit… »

Assistons-nous à un essai de « Salon Unique », ce Salon Unique que pour ma part, depuis longtemps, j’estime nécessaire ? En tout cas, ce rassemblement limité de valeurs, ce Salon à la fois éclectique et restreint est une réaction contre les salons-cohue où si fâcheusement foisonne la médiocrité, – et de cela, quoiqu’il arrive par la suite, il faut, aujourd’hui se féliciter. »

— Raymond Lécuyer, 19 avril 1938, Le Figaro
Petite anse de Kerlut, 1938, huile sur toile

Les années suivantes, le Salon National Indépendant confirme sa place importante aux côtés du Salon des Artistes Français et de la Société Nationale des Beaux-Arts.

Avec la guerre, l’art passe au second plan ; Dauchez est âgé et malade, le SNI peine à se renouveler.

« Le Salon national indépendant, sous la présidence d’André Dauchez, paysagiste de la lande bretonne, groupe des artistes dont les tableaux et les sculptures veulent être avant tout des travaux solides et bien conduits. La verdeur d’expression n’est pas de mise, et la modération du sentiment a la préférence du jury. C’est un Salon reposant, sans secousses, où j’ai noté d’agréables envois de Lucien Simon et de Decaris, membres de l’Institut, de Goulinat, qui en sera sans doute, d’Andrée Joubert, Hambourg, etc. »

— Maximilien Gauthier, 5 juillet 1945, Gavroche

Au second étage est le Salon de l’Art français indépendant, que préside André Dauchez. C’est une sélection de deux cents exposants, recrutés sur invitation. On y veut accueillir toutes les tendances, « pourvu qu’elles soient sincères », et favoriser tous les talents, « pourvu que leur expression ne semble pas systématiquement outrancière ». Bref, c’est un Salon paisible, sérieux sans être grave, et où le beau métier soigné est de rigueur : Jean-Gabriel Goulinat, pour qui la technique des maîtres n’a point de secrets, est là pour y veiller. »

— Maximilien Gauthier, 13 juin 1946, Gavroche

André Dauchez meurt en 1948 ; le SNI, désormais présidé par G.-L. Jaulmes, membre de l’Institut, organise une rétrospective de son œuvre lors du Salon de 1949 au Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Quimper les quais, 1940, huile sur toile
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Le Salon National Indépendant

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